L'art de la corde est aussi vaste que diversifié. Son expression (sa forme) et sa signification (son fond) varient d'une culture à une autre, d'une époque à une autre, d'une personne à une autre ...

Si l'on se concentre sur l'aspect "bondage", c'est le Kinbaku japonais qui m'a rendu pleinement passionné. Cet art nippon consiste à attacher avec "raffinement et esthétisme" son/sa partenaire à l'aide de cordes, tout en cherchant à modifier ses états de conscience et ses états émotionels.

En Europe, nous parlerons plus souvent de shibari, terme désignant l'action d'attacher. L'interprétation occidentale de cet art japonais peut beaucoup varier, de la plus traditionnelle à la plus fantaisiste, selon la personnalité et la sensibilité de l'attacheur.
 
L'art des cordes est un art à part entière et l'ajout de la sexualité/bdsm est propre aux convenances de chacun ...
Le kinbaku est une pratique entre adultes consentants, désirant partager émotions, sensations et intensité. C'est donc une activité orientée vers le plaisir et la consensualité. La pratique des cordes n'en fut pas toujours ainsi. En remontant le temps, nous pouvons constater qu'il y a quatres "sources" principales qui ont donné naissance au kinbaku. De nos jours, selon la personalité de l'attacheur, ces quatre pôles d'influence, peuvent être plus ou moins prononcés, plus ou moins subtiles ...
La torture  
Avant la période Edo, les cordes étaient utilisées comme moyen de torture. Elles étaient codifiées en quatre familles : 
 
- Mutchi uchi : attacher et fouetter avec les cordes.  
- Ishidashi : excercer des pressions/tensions avec les cordes et des poids.  
- Ebi seme : torture posturale en repliant le corps sur lui même ou en le mettant en contorsion.  
- Tsuri seme : torture par la suspension.
  
Durant la période Edo (1600~1878), il semblerait que la torture fut considérée comme barbare, et donc les pratiques de tortures par les cordes s'estompèrent.


 La justice  
En fonction de son rang social et du crime commis, le condamné était attaché et exposé dans telle ou telle posture. De même, la figure dessinée par les cordes renseignait sur le criminel. La honte et l'humiliation étaient ici recherchées comme motivation au repentir ..
Les arts martiaux  
Les différentes écoles d'arts martiaux ont développé des techniques de défense, de contrôle, d'immobilisation, de capture et d'emprisonnement en utilisant la corde comme arme. Au Japon l'école la plus connue pour cette pratique est le Hojo-Jutsu (Nawa-Jutsu). Quatre règles d'or sont au coeur de la pratique :  
- Ne pas permettre au prisonnier de s'évader.  
- Ne pas causer de dommages physiques ou mentaux.  
- Ne pas permettre aux autres de voir/comprendre la technique.  
- Faire un shibari joli et esthétique

La sexualité  
Il y a encore pas si longtemps, les mariages d'amour n'existaient pas ou peu. La plupart du temps il s'agissait de mariages arrangés. La sexualité dans le couple était basée sur un rapport de domination/soumission et ou de viol conjugal.  
Dans ce contexte où la consensualité n'existait pas, les cordes étaient utiles pour immobiliser les "victimes".
La pratique des cordes est une pratique intense et excitante qui apporte beaucoup de plaisirs très variés. Il est impératif, pour que ces moments de "magie" ne tournent pas au drame, de respecter quelques règles de sécurité. N'oublions pas que jouer avec les cordes n'est pas sans danger !!!! Les risques sont réels et peuvent laisser des séquelles graves, et pire, dans certains cas être fatal !!!!  
Envie de jouer avec les cordes ? ... quelques conseils ...
Avant de commencer  
Avant de commencer tous jeux avec les cordes, l'attacheur doit prendre conscience qu'il a l'entière responsabilité de ses partenaires, de leur intégrité physique et mentale, même s'ils sont sensés être aussi responsable d'eux-mêmes . Il doit donc être digne d'honnorer cette responsabilité et avoir une discipline sans failles !  
 
- Aucune consommation d'alcool, de drogues, de médicaments qui pourraient altérer ses capacités de jugement ou ses perceptions sensorielles.  
- Être dans un état sobre, alerte et responsable. Les états "malade", "fatigué", "dispersé" sont donc à bannir.  
- Vérifier que la personne est en état de se faire attacher et refuser d'attacher en cas de doutes.  
- Vérifier les antécédants de la personne (habitude de se faire attacher, problèmes de santé etc ..).  
- Vérifier les capacités de mouvement de votre partenaire (souplesse, amplitude articulaire etc ..).  
- Vérifier l'état de son matériel (cordes, ciseaux, trousse de premiers soins etc ..).  
- S'être former, avoir pris des cours. Jouer à l'apprenti sorcier avec les cordes, c'est mettre en jeu l'intégrité physique ou la vie de vos partenaires ....
Pendant la séance
- Ne pas encorder les zones corporelles dangereuses : cou, articulations, passages des nerfs/tendons/artères etc ..
il est donc fortement recommandé  d'étudier la physionomie humaine !!!  
- Ne jamais serrer trop étroit et trop fort ses cordes.  
- Avoir toujours à portée de main un objet pour trancher les cordes en cas de nécessité. les ciseaux médicaux (type "gesco") et les cutters en crochet sont ce qu'il y a de plus sécuritaire pour ne pas blesser le modèle avec les lames !  
- Ne jamais laisser seul la personne encordée.  
- Vérifier très régulièrement l'état de votre partenaire, la couleur, la température et la tonicité des zones attachées, en particulier les extrémités.  
- Toujours rester lucide pour pouvoir agir rapidement et efficacement en cas de nécessité.
Après la séance
L'après-session est un moment particulier qu'il convient de considérer à sa juste valeur.
L'after-care, outre le réconfort (après l'effort) permet de vivre le lien humain, celui qui n'est pas matériel.
Par ailleurs, il me semble fondamental de faire un feed-back sur la session, comment chacun l'a vécu, les bonnes et/ou les mauvaises choses, etc ...