« Je viens de finir la préparation de ma salle de cordes...... » Voilà le message que j'ai reçu, juste avant de te rejoindre. J'en frissonne déjà de plaisir. Un beau moment de partage à vivre à deux.
« J'espère que tu es prête pour une randonnée ou plutôt un trek ! » Prête ? Heu ! Ben debout depuis cinq heures du matin pour bosser. Mais pour un voyage cordes, je trouve toujours l'énergie qu'il faut.
« C'est pas une punition. Juste du plaisir...........sadique. » Que voilà une bonne mise en condition. Dans tes yeux, je vois briller une lueur perverse et tu affiches un large sourire sadique. J'aime te voir ainsi. Je te fais confiance avec un peu d'appréhension devant cet inconnu.
Dans la salle, tu me diriges pour que je m'agenouille à tes pieds. D'une pression sur ma nuque, tu m'incites à baisser la tête jusqu'à ce que mon front touche le sol. Tes doigts dévissent mon collier. Tes gestes sont assurés et calmes. Tu retires mon collier. Je me sens nue. Son contact me manque.
La première corde sur mon torse à la fois douce et ferme. Tu m'attaches autant avec ce lien qu'avec ton corps. Un tour. Deux tours. Puis tu la retires, pas satisfait du résultat. Un essai. Deux essai. Et me voilà déjà partie. Je sens la chaleur des cordes sur ma peau. Je suis bien, légère. Mais tu la retires et ne me reste qu'une sensation de froid juste à l'emplacement des cordes.
Toujours à genoux, tu as posé sur moi plusieurs longueurs de cordes. Juste le haut du corps enserré, enlacé. Sur mon coté gauche je ressens de la fraîcheur comme une brise. Sur ma droite, là où tu te tiens une douce chaleur. Ces deux sensations se rejoignent, se mêlent. Ma respiration s'accélère lorsque tu utilises une corde comme collier. J'appartiens à celui qui se trouve au bout.
Et puis tu vas allumer le feu. Celui du camp de base, celui de mon corps. Cordes et plaisir physique qui entretiennent le brasier.
Un temps de pause, de préparation avant de se lancer dans ce trek.
Nous nous lançons dans cette ascension. Tu as parlé d'étapes mais le chemin se dévoilera au fur et à mesure. Tu es mon guide. Encordés l'un à l'autre par un lien invisible, nous cheminons. Je marche sur une poutre suspendue dans le vide par deux chaînes. Mes bras sont tendus à l horizontale. Mes paumes reposent sur une paroi fluctuante qui suit les balancements de la poutre. Je suis une équilibriste. Je manque d'air. Des rafales de vent froid mordent ma peau, des tourbillons glacés s'enroulent autour de ma taille, de mes hanches.
Corde qui s'enroule autour de mon torse. La pression qui s'accentue sur ma cage thoracique. Il faut que je pose ma respiration. Tu mets la corde en tension pour que je me relève. Mon visage se trouve à la hauteur du bambou suspendu à l'horizontal. Main gauche attachée à cette barre puis main droite. Me voilà comme crucifiée............Tu relèves ma robe et la glisse dans les cordes autour de mon torse. Je ressens l'air frais sur ma peau qui contraste avec le feu qui me consume. J'aperçois ton reflet dans la fenêtre. Je sens ta force et ton désir. Et il s'abat sur moi sans crier gare. Mordant, lourd, piquant. Cinglant la pointe de mes seins. S'enroulant autour de ma taille. Un coup plus puissant. Douleur qui s'imprègne profondément dans ma chair.
Je suis au bord d'une falaise, sur un petit rocher qui s'avance dans le vide. Le haut de mon corps est ballotté par le vent. Mes pieds semblent pris dans la pierre. Je ne peux me servir de mes bras pour garder l'équilibre. Je vois un abîme sans fond. Entre peur et attirance. Et soudain, je me sens vaciller toujours liée à la roche par mes pieds.
Tu as libéré mes mains, me privant d'un appui pour mieux me mettre en déséquilibre en attachant mes jambes. Je chancelle et trouve un appui sur le bambou avec mon front. Mais il n'est qu'un leurre qui se balance. Tu poses un gotté. Me voilà transformée en statue rigide qui doit faire confiance au sculpteur pour ne pas s'effondrer et éclater en mille morceau. Tu m'incites à m'installer dans les cordes, à me laisser porter par elles. En douceur, je trouve ma place comme dans un hamac quand tu relèves mes jambes.
Pourquoi je suis la tête en bas sur cette passerelle de bois et de cordages ? Je me rends compte que tu m'as chargé sur ton épaule. Ai-je refusé d'emprunter ce passage ? À travers les espaces du bois, je vois le vide envahi par un brouillard épais. Tu t'amuses à faire tanguer le pont. Mais, je n'ai pas peur. Je suis protégée comme dans un cocon. Une douleur dans la cuisse me sort de ma torpeur. Tu m'as jeté au sol. J'entends craquer le bois. Et je tombe...........comme au ralenti, retenue par un fil invisible. Dans ma chute, je croise des images d'animaux fantasmagoriques, des regards vibrants. Je suis transpercé par leurs émotions qui s'infiltrent en moi. Douceur. Tendresse. Désir. Plaisir. Je rebondis de l'une à l'autre sans pouvoir me fixer. Mon atterrissage se fait dans la douleur quand mon coude cogne sur une pierre.
Mon dos repose sur le sol. Une douleur vive dans le coude m'empêche d'apprécier cette posture. J'essaie de basculer sur le coté. Mais tu me ramènes dans le droit chemin. Mes jambes sont toujours relevées, liées au bambou. Sur mes yeux, tu poses un bandeau. Tu passes une corde sur ce petit bout de tissu. Je ressens les vibrations de la corde quand tu fais les nœuds, que tu la fais glisser. J'entends les frictions, les frottements du jute comme si j'étais sous l'eau. Cette sensation est apaisante.
Allongée au fond du gouffre, mes yeux s'habituent à l'obscurité. Et je suis submergée par des regards si tristes. Pris dans la glace, je découvre des visages intemporelles, blafards. Et pourtant leurs yeux semblent si vivants.
Une immense vague de tristesse m'envahit. Des larmes coulent sur mon visage. Mais elle s'envole très vite quand je ressens à nouveau mon corps. La pression des cordes, le balancement, la chaleur qui m'envahit, l'engourdissement de mes membres me ramènent à la réalité, au moment présent.
J'entends que tu ouvres un tiroir. Que vas tu ramené ? Je perçois le son d'un câble électrique sur le sol.
Non pas le fairy................notre dernière rencontre m'a laissé un souvenir amer. Je respire profondément. Ne pas me laisser envahir par cette peur. Je dois essayer de gérer les sensations de ses vibrations.
Finalement, tu l'installes mais il n'est pas sur la partie la plus sensible de mon corps. Je parviens à apprivoiser les sensations, à me laisser porter, emporter par elles. Ne pas lutter contre. Tu joues avec le variateur. Une image va me faire rire. Une première pour moi dans les cordes.
On dirait un batteur pris dans une pâte trop épaisse puis un moteur qui patine dans la boue. Total décalage ! Relâchement total.......
Tu as poussé mes limites physiques. Tu as permis à mon esprit de s'ouvrir encore plus. Contrainte et libre. Mon corps que tu as modelé à ta volonté, à ton plaisir se retrouve à fleur de peau, réceptif, sensible. Je vis le moment présent comme un cadeau.